La théorie du tâtonnement est une méthode de l’essai et de l’erreur acceptée et revendiquée. C’est une façon de voir les choses que je valorise lors de accompagnements.

S'autoriser les erreurs pour apprendreL’historique de la théorie du tâtonnement.

Cette théorie vient en échos aux travaux d’Edward Lee Thorndike (1874-1949) qui était un précurseur d’un courant de pensée nommé le béhaviorisme.

Selon Thorndike, la théorie du tâtonnement repose sur plusieurs principes clés :

  1. Loi de l’effet : L’un des principes fondamentaux de la théorie du tâtonnement est la « loi de l’effet », qui stipule que les comportements qui sont suivis d’un résultat agréable ou satisfaisant sont plus susceptibles d’être répétés par la suite, tandis que les comportements suivis d’un résultat désagréable sont moins susceptibles d’être répétés. En d’autres termes, les conséquences des actions jouent un rôle crucial dans le processus d’apprentissage.
  2. Essai et erreur : Selon cette théorie, l’apprentissage se produit par essai et erreur. Les individus expérimentent différents comportements et actions pour atteindre leurs objectifs, et ils ajustent leur comportement en fonction des résultats obtenus. Si un comportement mène à un résultat positif, il est renforcé et plus susceptible d’être répété. Si un comportement mène à un résultat négatif, il est moins susceptible d’être répété.
  3. Associations stimulus-réponse : La théorie du tâtonnement met l’accent sur les associations entre les stimuli (les situations, les problèmes, les défis) et les réponses (les comportements, les actions) des individus. L’apprentissage se produit lorsque les individus établissent des connexions entre les stimuli et les réponses qui mènent à des résultats souhaitables.
  4. Gradient de désirabilité : Les individus apprennent également à évaluer la désirabilité des résultats et des conséquences de leurs actions. Ils sont plus enclins à poursuivre des comportements qui mènent à des résultats plus souhaitables.

La théorie du tâtonnement a eu un impact important dans le développement de la psychologie de l’apprentissage, en particulier dans le domaine de l’apprentissage instrumental, où les comportements sont renforcés ou punis en fonction des conséquences.

Comment exploiter cette théorie aujourd’hui et dans le contexte qui est le nôtre : l’orientation professionnelle ? C’est ce que nous allons voir maintenant.

 

S’autoriser à tâtonner pour trouver la bonne orientation professionnelle.

Dans le cadre de mes bilans de compétences, je suis régulièrement confronté à des personnes qui ne s’autorisent aucun faux pas et qui veulent absolument trouver la bonne idée du premier coup : pour elles, l’erreur est fatale…

Est-ce une bonne façon de voir les choses ? je ne pense pas !

Il faut bien évidemment se protéger pour ne pas foncer dans le mur sans réfléchir mais il est également capital de sortir de ses habitudes afin d’expérimenter de nouvelles choses (certaines personnes appelleront cela sortir de sa zone de confort).

Que devons-nous comprendre ici ?

Nous devons nous autoriser une prise de risque mesurée en nous confrontant au réel en accomplissant de nouvelles expériences. Comme expliqué dans la théorie de Thorndike, le tâtonnement effectué par une personne conditionnera des options différentes selon les résultats positifs ou négatifs obtenus.

Concrètement, comment appliquer cela dans le cadre d’un bilan de compétences ?

  • Identifier des pistes d’évolution ou de reconversion en réalisant un travail introspectif dans un premier temps. Dans un second temps, explorer les métiers compatibles avec nos valeurs, nos envies, notre fonctionnement.
  • Confronter les résultats à nos paramètres de contexte (compatibilité avec la vie personnelle, rémunération minimum nécessaire, marché de l’emploi, …).
  • Enfin, il s’agit de confronter nos pistes à la réalité en faisant des enquêtes métiers auprès de personnes qui exercent le métier que nous ciblons mais aussi avec les personnes qui gravitent autour : les organismes de formation s’il faut passer par une formation, les recruteurs, les structures assurant de l’accompagnement à la création d’entreprise, …

 

Une fois ce premier niveau de tâtonnement effectué, lorsque les signaux sont au vert, il est possible d’explorer un second niveau beaucoup plus concret : l’expérimentation réelle.

 

En France, le tâtonnement professionnel est facilité.

En France, il est tout à fait possible d’expérimenter des choses car nous vivons dans une société nous offre un cadre nous le permettant.

Voici deux exemples parmi les plus fréquents :

Création d’entreprise

Un salarié qui cumule un certain nombre d’années de travail peut s’engager sereinement dans une création d’entreprise. En effet, s’il se met au chômage, il peut facturer grâce à son Siret et alimenter de la trésorerie tout en vivant sur ses allocations (18 mois à l’heure où j’écris ces lignes). Lorsque ses droits sont épuisés, il peut alors se rémunérer grâce à la trésorerie qu’il a créé. Attention, cela ne fonctionne pas avec le statut d’autoentrepreneur qui est plus limité.

Un entrepreneur qui bénéficie de ce « filet de sécurité » et qui s’investit dans son travail a généralement suffisamment bien développé son activité au bout de 2 années.

S’il ne transforme pas, il peut toujours revenir à un emploi salarié après s’être essayé à la création d’entreprise.

 

Formation à un nouveau métier

Certaines personnes optent pour une reconversion professionnelle suite à leur bilan de compétences. Pour cela, elles peuvent bénéficier du Projet de Transition Professionnel (PTP) financé par Transition Pro. Grâce à ce dispositif, le salarié peut bénéficier d’une année pour se former un nouveau métier.

Pendant cette parenthèse, le PTP fournit des conditions idéales pour un « tâtonnement sécurisé » :

  • Les coûts pédagogiques sont pris en charge par l’état.
  • Le salarié perçoit l’ensemble de sa rémunération (jusqu’à deux Smic).
  • S’il est en CDI, son contrat de travail est suspendu ce qui signifie qu’il peut réintégrer son entreprise s’il ne trouve pas de travail immédiatement à la fin de sa formation.

 

Dans les deux cas que nous venons de vous présenter, il est tout à fait possible de revenir à une vie professionnelle antérieure en cas de souci.

Ici encore, le tâtonnement générera des apprentissages qui conditionneront une suite de parcours en phase avec les résultats obtenus.

 

L’échec fait partie de la réussite

Soyons clair, l’audace paie ! Je pourrais citer des centaines d’exemples de reconversion réussies grâce à l’aplomb de certaines personnes.

C’est un peu le sujet du film Yes Man où le héros (Jim Carrey) s’engage dans un programme de développement personnel basé sur un leitmotiv simple : dire oui à tout ! Après quelques tentatives le faisant sortir radicalement de ses habitudes, le héros découvre avec bonheur et stupéfaction le pouvoir de dire « OUI ». Très rapidement, il voit le cours de sa vie révolutionné par cette nouvelle philosophie.

Toutefois, après plusieurs dizaines de minutes à travers lesquels Jim Carrey surfe sur un bonheur sans faille, le récit nous fait comprendre que « dire oui à tout » peut parfois générer des aléas contrariants. Pas très surprenant me direz-vous. La vie serait beaucoup trop facile s’il suffisait de sauter sur toutes les opportunités qui se présentent à nous.

Il n’en reste pas moins que plus nous tentons de choses, plus nous nous mettons en situation de réussir. Notre vie est constituée de milliers d’apprentissages qui façonnent le devenir de notre vie. Plus nous expérimentons/tâtonnons, plus nous tirons des apprentissages qui nous aident à grandir et à comprendre ce qui est le mieux pour nous.

S’interdire l’échec, c’est s’interdire l’apprentissage de nouvelles choses et donc, se condamner à la stagnation.

Pour illustrer cela, je vais prendre l’exemple du jeune enfant qui apprend à marcher. Au départ, il se déplace à 4 pattes mais il observe les autres évoluer sur leur 2 jambes. Il veut les imiter. Il s’agrippe à un mur ou une table et il se lance, il pousse sur ses jambes pour se tenir debout. Il va tomber à plusieurs reprises mais à force d’essais, victoire ! il parvient à ses fins. Mais l’enfant ne s’arrête pas là, il veut absolument marcher et il lâche donc son support pour faire ses premiers pas. Il va tomber. Il va parfois se faire mal mais il persévère et au bout de quelques temps, il fera ses premiers pas.

Que ce serait-il passé si l’enfant avait refusé l’échec ? Que ce serait-il passé s’il s’était interdit le tâtonnement lié à l’apprentissage ? je vous laisse l’imaginer.

 

Tout comme le jeune enfant nous sommes continuellement impliqués dans des logiques d’apprentissages plus ou moins complexes. Si nous refusons de nous y confronter, si nous refusons le tâtonnement, nous nous condamnons à l’immobilisme.

Au contraire, en faisant preuve d’audace tout en acceptant les revers qui peuvent y être associés, nous progressons et nous amplifions notre adaptation à notre environnement.

Pour clôturer cette publication sur la théorie du tatonnement, je vous propose une citation de Nelson Mandela qui illustre tout à fait l’esprit de cet article : « je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends ».

 

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